mardi 15 mars 2016

La miséricorde chez St Vincent de Paul
La miséricorde chez les musulmans


Nous étions environ 25 au Carmel de St Georges Motel ce samedi 12 mars 2016 pour une journée centrée sur la miséricorde.

Le matin

Notre curé, Raymond Hérisset, lazariste, nous a parlé de la miséricorde chez saint Vincent de Paul. Vincent a entendu la Parole :
J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;
j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;

j’étais nu, et vous m’avez habillé ;
j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! (Mt 25)

Il a vécu l'amour affectif et l'amour effectif, se laissant déranger (de sa prière…) par les pauvres en qui il voyait Jésus. Il a agit pour eux, à la fois pour les pauvres au plan corporel et les pauvres au plan spirituel. Il a su éviter le piège de l'enfermement dans les monastères en donnant aux filles de la charité un statut particulier. L'oraison ne suffit pas, il faut des actes.

Au lendemain du concile, on parlait d'amour, de résurrection, de bonté… de lendemains qui chantent… une encyclique de Jean-Paul 2 sur la miséricorde (Dives in misericordia, 1980) est passée inaperçue.
Avec François, l'Église reprend conscience du pardon de Dieu envers les pécheurs que nous sommes. Ce pardon va jusqu'à l'extrême en s'exprimant sur la croix, il nous redonne notre dignité.

Vincent a pris le chemin de la cléricature « par hasard » : elle était source de revenus à l'époque. Il a été esclave en Afrique du Nord. Il a expérimenté la miséricorde divine au travers d'une des femmes de son maître. Dans une période de doutes (1617), Dieu l'a éclairé. Il a reçu la miséricorde, et il l'a rayonnée.

Pour les pèlerins que nous sommes, les pauvres sont notre tâche et notre vie. Ils sont nos maîtres et seigneurs.

L'après-midi

Deux voix musulmanes : Nassira et Mohamed-Cherif Boukhalfa, venus de Seine Saint Denis avec leur fils qui a assisté à la journée, ont repris le même sujet. Ils font partie de la « première vague d'immigration » : leurs parents algériens sont arrivés en France quand ils avaient environ deux ans. Deux voix, mais un couple uni dans une foi profonde et intériorisée.
Ce sont les vagues d'immigration qui ont suivi, beaucoup plus extérieures et politiques, qui ont pris le pouvoir dans les institutions dites représentatives du culte musulman en France. Nous avons senti la souffrance de Nassira et Mohamed devant des frères qui semblent avoir oublié jusqu'aux premiers noms de Dieu : Ar-Rahmān et Ar-Rahīm : le plus miséricordieux. Nous avons perçu aussi leur engagement pour un Islam fidèle à ses vraies valeurs et pour le dialogue inter-religieux – Mohamed a suivi une formation en ce sens à l'Institut Catholique.

Quelles vraies valeurs ? Voici les trois degrés de la foi musulmane
Le degré de l’Islam ou de la shari’a (pratique) : Témoigner qu’il n’est pas de divinité que Dieu et que Muhammad est son envoyé et à observer les 5 piliers de l’Islam.
Le degré de la tariqa ou de la foi : La pratique nourrit l'expérience spirituelle.
Le degré de l'ihsan ou de la haqiqa (amour) : le saint accompli ou réalisé est celui qui s’est éteint à lui-même (fana), pour ne plus subsister que par Dieu (baqa).
C’est dans la totalité des trois degrés qui consiste la foi musulmane.

Différentes écoles réformistes, et surtout l’école qui a donné les salafistes, les frères musulmans…, mettent en exergue certains versets pour justifier leurs comportements pratiques, comme les témoins de Jéhovah. Cela peut aller jusqu'au mariage à durée limitée, voire d'un jour !

Le questionnement des musulmans face à l'insondable mystère de Dieu rejoint le nôtre. La miséricorde est un don de Dieu. Elle l'emporte sur sa colère. La tradition dit qu'il en a gardé 99 « doses » pour le jour du jugement. Sa miséricorde s'étendrait-elle à Satan ?
Quelques citations donnent le ton : L'acte ne vaut que par l'intention. Ceux qui croient font de bonnes œuvres. L'homme doit d'abord être miséricordieux envers lui-même. Juste après l'adoration de Dieu, vient la bienveillance envers ses vieux parents. La maladie est une forme de purification de l'âme. Amour et miséricorde sont le fondement de la famille.

Qui connaît les œuvres de miséricorde que la bulle du pape François cite au §15 ? 7 œuvres de miséricorde corporelles  : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et 7 œuvres de miséricorde spirituelles  : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. Ces œuvres nous sont communes.


Vint le temps des questions.
Comment s'articulent mérite (respect de la loi) et grâce ? Le péché est un acte de désobéissance à Dieu. Mais pour un saint, le péché est d'oublier Dieu.
Nos enfants (les enfants de milieux chrétiens aussi) ont besoin de repères (la loi, la morale), ils en manquent (ils trouvent n'importe quoi sur internet, leurs parents sont ignorants de la foi…). Nous percevons le souci de l'Islam d'encadrer et aider les plus faibles (les enfants, les débutants). « Aime et fais ce que tu voudras » n'est pas à la portée de tous. Juste équilibre entre la charia et l'éveil spirituel. A méditer avec ce que Paul dit de la loi dans l'épître aux Romains : nous avons été affranchis de la loi pour servir sous le régime de l'Esprit...

Comment le Coran s’interprète-t-il ? C'est du ressort des « savants » de le traduire en lois extérieures. Comment les jeunes vont-ils trouver les « bons » maîtres ? Un maître doit dire « je ne sais pas » quand il ne sait pas.

Le Coran est-il susceptible d'être compris à un niveau symbolique ? Oui, il est plein d'images, de paraboles.

Le Coran est-il bousculé, et comment, par des recherches historico-critiques ?
Les musulmans vivent-ils aussi « l'attention à l'instant présent » (l'éternité, c'est maintenant) qui se développe sous l'impulsion du bouddhisme et qui relativise les questions sur le « jugement dernier » ? Il nous faudrait d'autres rencontres pour aller plus loin.


Y a-t-il un équivalent du Saint Esprit pour les musulmans ? A la fin de la journée, Nassira, Mohamed et leur fils nous ont dit leur joie d'avoir non seulement partagé des idées (comme ce leur arrive dans d'autres lieux), mais d'avoir vécu une expérience de communion grâce aux temps de prière, à l'ambiance du lieu, à ce que rayonne la communauté du Carmel.
Nous avons touché cette réalité que nous sommes frères, que le même souffle nous anime. N'est-ce pas une plus belle réponse qu'une information savante ?

dimanche 1 novembre 2015

Qu’avons-nous vécu en chemin d’alliance pendant ce mois d’octobre ?


Nous avons commencé ou plutôt continué à apprendre à écouter. La session commencée en septembre avec Christine FRERET pendant deux jours (19-20 sept.), nous l’avons terminée le 10 oct. avec une troisième journée qui a permis aussi de revoir le chemin parcouru depuis septembre.

Nous nous sommes rendu compte que nous ne savons pas écouter et pourtant c’est une invitation biblique incessante !!!
Ecoute ! un mot qui revient presque 600 fois dans la bible. C’est qu’avant de parler et d’annoncer il faut se taire et écouter mais pas n’importe comment : une écoute active, permissive et responsabilisante. C’est tout un programme … écoute active et non pas passive qui cherche à donner à son interlocuteur la preuve que je l’ai bien entendu. Ce ne sont pas des technique de communication mais d’écoute qui mobilise tout notre être, notre corps et notre esprit, nos cadres de références, notre éducation, nos repères …

Nous avons surtout mis en œuvre cette écoute pendant notre réunion mensuelle du chemin d’alliance le 9 oct…. Nous avons été invités à relire notre chemin depuis le mois de juin, ce qui nous a fait grandir dans l’alliance ou ce qu’il l’a entravé … nous avons pris conscience que nous avons à veiller sur l’alliance, à discerner la petite voix qui sème le doute, qui veut nuire à l’alliance …veiller sur ce que nous entendons et la manière avec laquelle nous écoutons …
Les heurts font partie du chemin ; les incompréhensions, les malentendus, c’est notre histoire sainte et le Seigneur nous reprend et on se reprend…quand les illusions tombent, disons nous que c’est une bonne nouvelle !!!
Entrer en moi et implorer la paix quand les vagues sont hautes, faire taire parfois mes voix intérieurs quand elles sont dissonantes, ne pas les écouter ni les entretenir en moi.
Mettre ma joie dans ce qui conduit à la vérité, à l’unité, ce qui nourrit et fait grandir l’alliance dans mon cœur
Un engendrement nous est offert, quel cadeau !!! il faut soigner pour que l’enfant arrive à maturité
Accepter de me laisser conduire, accepter un chemin de dépouillement
Je suis habitée par l’urgence de prier, de partage, …
Et si on priait ensemble une fois par semaine !!! nous voilà embarqués pour faire oraison tous les jeudis, soit le matin de 7h-7h30 ou le soir de 18h30-19h. Un rendez-vous hebdomadaire qui nous met en communion là où nous sommes depuis le 22 octobre.

A la réunion communautaire le 16 oct. nous avons repris les notes de cette session d’écoute, pour chercher ensemble ce qu'il est important de travailler pour améliorer notre écoute en communauté

Un temps de lecture de la parole de Dieu dans un atelier biblique avec Caroline Wemaëre le 19 oct. une lecture toute nouvelle de l’histoire de Caïn et Abel… nous avons appris à écouter le texte et laisser de côté nos idées et préjugés ….

Les rendez vous en nov.
Le 16 nov. à l6h-18h15, atelier biblique
Le 21 nov. 10h-18h journée d’alliance

dimanche 27 septembre 2015

Chemin d'Alliance : L'écoute active


Un chemin d'Alliance associant des carmélites et des laïcs, cela ne va pas de soi ! Le chemin est semé d'embûches : des doutes, des peurs, des difficultés à s'accepter différents…

Le Christ nous accompagne. Il fait même plus, puisqu'il nous dit : "Je suis le Chemin" ! Il nous invite à "aimer nos ennemis", à considérer les obstacles comme des grâces. Comme c'est difficile à comprendre !

Il faut bien reconnaître que nous sommes sourds aux paroles étranges (étrangères) du Tout Autre, comme nous sommes incapables d'écouter celui qui nous provoque à sortir de nos habitudes de penser, de réagir…

Une proposition d'une formation de 3 jours à l'écoute active est arrivée – tombée du ciel ? Elle est entrée par une oreille, sortie par l'autre. Elle a été oubliée pendant l'été. Elle a suscité des remous à la rentrée : est-ce que cela en valait la peine ?

Tangage, roulis, et nous voilà finalement tous ensemble (17 participants) autour de l'animatrice les 18 et 19 septembre.
Celle-ci fixe le cap : Donner à mon interlocuteur la preuve que je l'ai écouté et compris.


Les connaissances et l'expérience des uns et des autres sont variées, mais les petits exercices proposés montrent que nous avons tous à progresser. Par eux, nous apprenons à mieux nous connaître.

Distinguons-nous bien les faits (vérifiables, incontestables) des sentiments (ressenti personnel également incontestable) et des opinions (contestables) ?

Quels sont nos freins à l'écoute ? Une remarque en passant nous invite à l'humilité, à la miséricorde : l'écoute active est quasi impossible plus de 40 minutes.

Comment réagissons-nous le plus souvent face à une demande d'aide ? En décidant ? En rassurant ? En jugeant ? En questionnant ? En interprétant ? En "comprenant" ?

Les deux jours ont passé bien vite, nous attendons avec impatience de nous retrouver le 10 octobre.

dimanche 23 novembre 2014

Journée du 30 novembre






Voilà ce qui a été retenu au CDVR Conseil Diocésain de la Vie Religieuse du diocèse d'Evreux  le 29 octobre 2014 à propos de

projet de chemin d’alliance Baptisés et Carmel St Joseph à St Georges Motel

            Ce projet est parti du désir de baptisés et de l’Evêque d’Evreux « que cette petite communauté ne ferme pas ». Il s’inscrit dans le courant qui s’amplifie actuellement dans l’Eglise « de liens d’alliance entre une communauté religieuse et des laïcs »
            Dans cette paroisse pauvre « Les Sœurs sont une présence d’amitié et de prière qui est très précieuse ». Dans  ce Sud du Diocèse pauvre « il n’y a aucun lieu d’accueil spirituel »
            OBJECTIFS – Amitié – Prière – Spiritualité – Mission
            Pour manifester son soutien et sa responsabilité, le Père Christian NOURRICHARD, Evêque d’Evreux, présentera ce Chemin d’Alliance le 30 novembre 2014 lors de l’ouverture de l’année de la Vie consacrée…


LANCEMENT DE L’ANNEE DE LA VIE CONSACREE (30 novembre 2014)

            Voici l’ordre du jour avec quelques services particuliers demandés… Nous feront le point lors de notre prochaine réunion le 19 novembre prochain

10 H 30’ – Messe à la Cathédrale ( arrivée vers 10h15)
                  Places dans le chœur
                       
12 H 30’ –  rendez-vous au Centre St Jean avec nos repas tirés du sac ou pique-nique 

14 H – Office de Nones
            Causerie du Père Raymond Hérisset nous rappelant les objectifs de l’Année de la Vie consacrée :
                        - Faire mémoire avec gratitude
                        - Embrasser l’avenir avec espérance
                        - Vivre le présent avec passion

Cette journée étant considérée comme notre premier temps de récollection, un espace de temps personnel et silencieux sera proposé après l’intervention du Père Raymond.
           
16 H 30’ Office des Vêpres – Animé par la Communauté du Carmel st Joseph.
17h00 fin de rencontre 

dimanche 16 novembre 2014

A l’oraison je me laisse aimer



Ecole d'oraison Novembre 2014



Durant ces temps forts d’oraison, se forge en nous un être d’accueil- on se laisse aimer- d’émerveillement, d’action de grâce, d’adoration et d’intercession, cet être que nous avons à devenir en toute notre vie. (Règle de vie,46)

Chant : Dans le silence et dans la paix, viens rencontrer le Dieu vivant
Dans le silence de ton cœur, prie le Père, laisses-toi aimer par lui ….

Pendant l’oraison : Je me laisse aimer, je laisse Dieu me dire son amour …pour que je puisse à mon tour m’aimer et aimer les autres en vérité.
Me laisser aimer ? en cherchant comment je vais m’y prendre. Il m’est venu à l’Esprit cette semaine deux paroles de Dieu :
L’Evangile de mardi dernier Lc 14,15-22, les invités au festin qui ont refusé de venir au festin… (à lire)
Le cantique de Tobie 13, que nous chantons vendredi IV matin

Je commence par le dernier : dans ce cantique je lis
qu’il relève en toi le sanctuaire, qu’il réjouisse en toi les exilés, qu’il aime en toi le malheureux, pour les siècles sans fin …(et au début il dit, bénissez le Seigneur vous ses élus)

Evidement ce cantique s’adresse à Jérusalem, mais St Paul nous rappelle que nous sommes le temple du Dieu vivant 2 Cor 6,16…alors je peux prendre cela à mon compte.
C’est lui qui nous relève, nous son sanctuaire…c’est son œuvre…et moi à l’oraison du matin j’aime à me tenir debout et dire au Seigneur, merci Seigneur tu m’as relevé… pas seulement du sommeil, mais en moi, tu relève ton sanctuaire en moi, tu me ressuscite, tu veux que je suis debout en ta présence … et de prendre le temps qu’il faut pour prendre conscience de cela dans le silence de mon corps, de mon corps habité.

Qu’il réjouisse en toi les exilés, je suis parfois exilé€ de moi-même, je n’habite pas chez moi, je ne suis pas établie en moi …éparpillé, distraite à faire mille et une choses, et il faut bien…le Seigneur me ramène dans ma terre, il est la joie de mon cœur d’exilé…même si je suis exilé… tout ce qui est exilé en moi et chacun peut le décliner comme il l’entend… des parties de mon histoire que j’ai mis dans l’ombre car douloureux…des relations, des situations où je sens ce exil …me laisser entendre cette bonne nouvelle « qu’il réjouisse en toi les exilés »

Qu’il aime en toi les malheureux pour les siècles sans fin … ce qui est malheureux en moi, ce qui est moche et je ne n’arrive pas à aimer en moi… le Seigneur veut l’aimer en moi et aimer en moi ce que je n’aime pas trop… je me laisse aimer par le Père …c’est lui la source …
Pour les siècles sans fin …car vous êtes les élus de toute éternité et pour les siècles sans fin …

Dans l’Evangile de Luc 14,15-22. Il est assez incompréhensible qu’à l’heure du diner, le serviteur aille leur dire : venez maintenant le repas est prêt … et moi j’entends par là : l’heure où je suis à l’oraison.

Tous les biens qu’ils ont acquis: terre, bœufs, épouse …deviennent un obstacle à la rencontre, une excuse pour refuser l’invitation…et moi pendant l’oraison je viens avec ce qui est bien en moi …mais qui peut parfois empêcher la rencontre avec le Seigneur… je veux être bien en sa présence, lui offrir ce qui est bien en moi… et c’est légitime mais est-il suffisant ?

Dans un deuxième temps le serviteur de l’Evangile va inviter les aveugles, les estropiés, les boiteux …pour entrer au diner. Je n’aime pas que cette invitation soit venue dans un deuxième temps, j’aurais aimé qu’il le fasse dès le début … et là j’ai compris que pendant l’oraison, c’est seulement dans un deuxième temps que je me sens invitée à venir avec l’aveugle, l’estropié, le boiteux et le pauvre qui est en moi… ce que je ne veux pas trop voir ou reconnaître en moi …ceux là sont invités au festin … encore faut-il que je les emmène au festin, ils ont leur place …je les laisse aimer par Celui qui les invite.

Et enfin, l’Evangile nous parle de « force-les à entrer dans sa maison »… et nous n’aimons pas trop cela, on n’aime pas être forcé …sauf que parfois c’est le seul moyen pour nous faire entrer dans « notre maison » qui est « la maison du Seigneur» … je me rends compte qu’à l’oraison je ne peux pas entrer par moi-même, c’est le travail du Seigneur … il lui faut parfois forcer l’entrée et me forcer à entrer …car moi je n’y arrive pas, ou je ne veux pas …et « sa maison » est « ma maison » …

Voilà comment avec ces deux paroles de Dieu je découvre et je vis l’oraison comme le lieu où je me laisse aimer par Celui dont on se sait aimé comme le dit st Thérèse d’Avila à qui je veux donner la dernière parole.

Dans son traité « Pensées sur l’amour de Dieu » Thérèse nous parle de cet amour de manière qui peut nous déconcerter … écoutons ce petit passage où elle commente le verset ‘ qu’il me donne un baiser de sa bouche’
O Jésus, bien aimé ! qui pourra nous faire connaître le merveilleux avantage qu’a une âme de se jeter entre vos bras, de s'abandonner à votre conduite, et de dire, après s'être entièrement donnée à vous : Je regarderai mon bien aimé et mon bien aimé me regardera ! Il veillera à mes intérêts et je veillerai aux siens !  …. Je vous prie donc encore, mon Dieu. et vous conjure par le sang que votre Fils a répandu sur la croix, de me faire la grâce et que j’obtienne qu’il me donne un baiser de sa bouche. Car sans vous que suis-je, ô Seigneur ? si je ne vous suis pas unie, que puis-je ?
O mon Sauveur, qui êtes toute mon espérance et tout mon bonheur, que puis-je souhaiter en cette vie qui me soit si avantageux que d'être tellement unie à vous ? pourvu que vous me permettiez d'être toujours en votre compagnie, rien ne me paraîtra jamais difficile »




initiation à l'oraison




 Considérer notre âme comme un château fait tout entier d'un seul diamant ou d'un très clair cristal, où il y a beaucoup de chambres, de même qu'il y a beaucoup de demeures au ciel…. Considérons donc qu’au centre, au milieu de toutes, se trouve la principale, où se passent les choses les plus secrètes entre Dieu et l'âme. (Ste Thérèse d’Avila, Le Château intérieur)
Alors, Il nous renvient de rentrer dans le château …pour rencontrer Celui qui y a fait sa demeure, et c’est l’oraison  

 L’oraison mentale n’est à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé.  Ste Thérèse d’Avila (Vie 7)
Le commerce d’amitié fréquent et intime suppose que l’on prenne du temps. Or le temps, notre temps, est un bien précieux.

Thérèse ne donne pas de méthode particulière mais plutôt une direction : rester en compagnie de Celui dont nous nous savons aimés. C’est le Seigneur seul qui en est le maître d’œuvre. Ainsi donc, ce qui caractérise sa manière de faire oraison, c'est plutôt l’extrême souplesse qui laisse à chacun la plus grande liberté.

Le temps d’oraison :
Pour Ste Thérèse, il est primordial de prendre conscience que Dieu est là, qu’Il est à mes côtés ou en moi. Elle préfère cependant qu’on se représente le Christ au plus intime de soi car Il y demeure, en son centre comme en un château.
Elle nous propose de le faire par une représentation du Christ en son Humanité, une représentation intérieure qui est de l’ordre de la foi, d’une foi vive qui perçoit, sans voir, la Présence du Christ.

 « Comme je ne pouvais discourir avec l’entendement, mon mode d’oraison était de tâcher de me représenter le Christ en moi, et je me trouvais mieux, ce me semble, de le rejoindre là où je le voyais le plus solitaire. Il me semble que lorsqu’il était seul et affligé comme un indigent, il devait me recevoir. J’avais souvent de ces simplicités… » (V 9,3)

Un regard
Il ne s’agit pas de penser mais d’entrer en compagnie avec le Seigneur : « Représentez vous le Seigneur auprès de vous, regardez le … »
« Je ne vous demande qu’une chose : le regarder... Lui ne vous perd jamais de vue. » (C 26, 1 et 3)
C’est dans cet échange de regards que s’exprime la relation personnelle. « Dieu et l’âme se comprennent, sans autre artifice, ces deux amis se communiquent leur amour mutuel. Comme ici-bas deux personnes qui s’aiment beaucoup et se comprennent bien semblent s’entendre sans échanger un signe, rien qu’en se regardant ». (V 27, 10)

Un cœur à cœur
« Vivre en sa présence ( du Christ), lui parler, lui demander ce dont nous avons besoin, nous plaindre à lui de nos peines, nous réjouir avec lui de nos joies, et ne pas l’oublier pour autant, sans chercher des prières apprêtées, mais des mots conformes à nos désirs et à nos besoins. »
(V 12, 2)

Se référer à une parole qui nous habite, la répéter de temps en temps
« Il ne s’agit pas de beaucoup penser mais de beaucoup aimer ».


 Entrer dans l’oraison 
Sans méthode mais avec quelques moyens concrets et simples

Je décide d’un temps et d’un lieu : chacun choisit un moment de la journée ( matin, soir, au retour du travail…

Je me donne un sas : si j’ai des occupations, au retour du travail… une lecture, une intervention me dispose… cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire oraison directement …mais on a besoin du temps pour entrer en nous-mêmes, habiter ce que nous sommes,  

Je prends avec moi un Evangile ou une bible/ un livre, quitte à ne pas utiliser

Je fais le signe de croix
« Pour prier comme il convient, vous savez ce qu’on fait : tout d’abord, on examine sa conscience, on se confesse à Dieu et on fait le signe de la Croix. » (C 26,1)

Je me rassemble ou le recueillement : Je fais silence, je prends le temps de me poser, d’habiter ce que je suis, habiter le temps et l’espace. Je ramène mes sens de l’extérieur vers l’intérieur pour me rendre disponible à m’entretenir avec Dieu.

Prendre une posture confortable et stable, prendre le temps d’accueillir sa respiration et non pas la penser. Quand on habite son corps, il est un appui pour la prière. Je suis heureux (se) de rentrer en moi,
Nous ne prions pas en dehors de notre corps puisque nous n’existons pas en dehors de notre corps. Le Seigneur vient à notre rencontre dans notre corps ( prenez et manger )
Nous prions avec tout ce que nous sommes : pas seulement avec la tête ou l’esprit.

Ce qui peut favoriser le recueillement : lorsque nous sommes dans la nature l’émerveillement du paysage, le chant d’un oiseau, le bruit d’une source, la saveur d’un fruit sauvage, une odeur, flattent nos sens. Les tensions se relâchent, quelque chose au fond de nous est touché, toute activité du mental s’arrête, une paix profonde se produit peu à peu. Le recueillement, c’est cela. C’est ce lâcher prise de notre mental et c’est l’accès à une zone plus profonde de notre être. La musique, la vue d’un tableau, un regard échangé, un coin de ciel bleu, un peu de marche et mille autres occasions peuvent en être la source, comme le préliminaire.

Quand on parle de recueillement : Il s’agit de se recueillir pour trouver Dieu car l’homme est créé à l’image de Dieu et cette image, il la porte gravée au plus profond de son être. C’est dans cet espace secret qu’il peut retrouver la racine de son existence qui est Dieu et c’est ce qui fait pour le chrétien la valeur infinie et sacrée de tout homme. C’est dans cet espace que l’homme peut retrouver l’accès à cette relation fondatrice, relation détruite mais restaurée par le baptême.

Une fois les sens extérieurs apaisés, nous serons vite assaillis par
un monde intérieur de pensées et de sentiments les plus divers. Ste Thérèse nous conseille d’abandonner au Seigneur toutes ces pensées et ces sentiments en reconnaissant notre misère et notre condition de pécheur. Puis, elle nous demande de ne nous occuper que de Lui.

Je me mets en présence du Seigneur, « Aussitôt après, appliquez-vous à trouver une compagnie. Et quelle meilleure compagnie pouvez-vous trouver que celle du Seigneur »…je lui demande de me rendre présent à sa présence.
*      En demandant à Marie de me conduire vers son Fils, Marie, toi qui as accueilli le Christ en toi jusqu’à le porter en ton corps, apprends-moi à être attentive à celui qui est là, guide moi vers Lui
*      En invoquant l’Esprit saint ….
*      En demandant à Jésus de venir prier en nous et nous conduire vers le Père

Je me laisse faire ….et si ma pensée divague à nouveau, je peux reprendre le texte biblique, le lire à nouveau, regarder le Christ, reprendre une parole 

A la fin du temps de l’oraison, je termine par une prière vocal, Notre Père ou je vous salue, ou l’angélus


lundi 10 novembre 2014

Halte spirituelle au rythme de la Parole

Avec Léon Régent le samedi
 6 décembre 2014 de 10h00 à 18h00
Chez les Sœurs Carmélites de Saint Joseph
2 route de Dreux, 27710 St Georges Motel

La parabole des brebis et des boucs

Le jugement dernier - Fra Angelico

Cette parabole de Matthieu (Mt.25), souvent appelée parabole du jugement dernier, est rude. Le Fils de l'homme bénirait les uns, leur donnant la vie éternelle, et maudirait les autres, qui iraient au châtiment éternel. Le critère serait le service des plus petits.
Comment voir la miséricorde divine pour tous dans ce qui semble être une exhortation menaçante : engagez-vous dans les restos du cœur, sinon... ?
Scrutant les détails du texte, nous exprimerons sans tabous nos questions, nos incompréhensions. Puis, nous chercherons ensemble.
Il se pourrait que la Parole convertisse nos esprits ‘dualistes’, et devienne Bonne Nouvelle. Il se pourrait que nous sortions de cette journée avec un grand désir de scruter d'autres textes de la même manière.
Cela vaut la peine d'essayer...

Pratique
*      S’inscrire avant le 1er  décembre ( 02 37 43 51 85/ chahhoud.nicole@orange.fr)
*      Apporter bible et un plat à partager
*      Participation 15 euros ( selon vos possibilités)
Nicole